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vineri, 17 septembrie 2021

Mémoires d'Hadrien / Maguerite Yourcenar / 1951

 Marguerite Yourcenar (1903-1987)


Marguerite Yourcenar[2], pseudonyme de Marguerite Cleenewerck de Crayencour, née le  à Bruxelles et morte le  à Bar Harbor dans l'État du Maine (États-Unis), est une femme de lettres française (naturalisée américaine en 1947). Romancièrenouvelliste et autobiographe, elle est aussi poétessetraductriceessayiste et critique littéraire.

Elle est la première femme élue membre de l'Académie française en 1980



Mémoires d'Hadrien  / o carte memorabila



Despre carte: Mémoires d'Hadrien / Carnets de notes de "Mémoires d'Hadrien"

Cette oeuvre est à la fois roman, histoire et poésie. En imaginant les Mémoires d'un grand empereur romain, l'auteur a voulu "refaire du dedans ce que les archéologues du XIXᵉ siècle ont fait du dehors". Jugeant sans complaisance sa vie d'homme et son oeuvre politique, Hadrien n'ignore pas que Rome finira un jour par périr, mais son réalisme romain et son humanisme hérité des Grecs lui font sentir l'importance de penser et de servir jusqu'au bout. "... Je me sentais responsable de la beauté du monde", dit ce héros dont les problèmes sont ceux de l'homme de tous les temps : les dangers mortels qui du dedans et du dehors menacent lescivilisations, la quête d'un accord harmonieux entre le bonheur et la "discipline auguste", entre l'intelligence et la volonté.

Mémoires d'Hadrien

Couverture de la première édition.

AuteurMarguerite Yourcenar
Pays
France
GenreRoman historiquepseudo-mémoires
ÉditeurPlon
Date de parution1951
Nombre de pages323

Mémoires d'Hadrien est un roman historique de l'écrivaine française Marguerite Yourcenar, publié en 1951. Ces pseudo-mémoires de l'empereur romain Hadrien ont immédiatement rencontré un extraordinaire succès international et assuré à son auteur une grande célébrité. Il s’agit d’une œuvre dont le projet remonte à l’adolescence de l’autrice. Yourcenar considérant le projet comme trop ambitieux pour être une œuvre de jeunesse, le décrivait de la trempe de ceux « qu’on ne doit pas oser avant d’avoir dépassé quarante ans[1] ».

Le livre est présenté comme une longue lettre d’un vieil empereur adressée à son petit-fils adoptif et éventuel successeur âgé de 17 ans, Marc Aurèle. L’empereur Hadrien médite et se remémore ses triomphes militaires, son amour de la poésie et de la musique, sa philosophie ainsi que sa passion pour son jeune amant bithynienAntinoüs.

Résumé

Écrit dans un style dense témoignant d'une bonne connaissance des sources, ce roman philosophico-historique est une méditation de l'empereur à la fin de sa vie. Sous forme d'une longue lettre adressée depuis sa villa à Tibur au futur Marc Aurèle, il retrace les principaux événements de son existence, qui fut la plus libre et la plus lucide possible. Les chapitres, non numérotés, sont regroupés en six parties portant chacune un titre latin.

« Animula vagula blandula[2] » (« Âmelette vaguelette, calinette ») (ou encore « Ma petite âme, errante et câline ») permet au lecteur de faire connaissance avec le personnage et de se familiariser avec ses convictions (sobriété, rejet du végétarisme non adapté à la vie d'un homme public, essence mystérieuse de l'amour), ses bonheurs passés (chasse et équitation) et ses douleurs présentes (insomnie, approche de la mort).

Buste d'Hadrien.
Buste d'Hadrien.

Les cinq parties suivantes reprennent chronologiquement la biographie d'Hadrien.

« Varius multiplex multiformis[3] » (« Varié, complexe, changeant ») s'étend jusqu'à la mort de Trajan et donc à l'accession au trône d'Hadrien : sa jeunesse en Espagne, son expérience de juge chargé des litiges d'héritages à Rome, sa participation aux guerres daciques, son gouvernorat en Syrie et la guerre contre les Parthes. Avant de mourir, Trajan signe un acte d'adoption d'Hadrien dans des conditions qui font douter de son authenticité. Hadrien devient empereur.

« Tellus stabilita[4] » (« La terre retrouve son équilibre ») décrit le début du règne. Hadrien fait preuve de modération dans divers domaines : il pacifie l'empire (ParthesÉgypteSarmates), améliore la condition des esclaves, développe les infrastructures aux frontières. Il fonde des villes, voyage beaucoup, jusqu'en Bretagne, se fait initier à Éleusis.

« Sæculum aureum » (« siècle d'or ») parcourt l'histoire d'amour avec Antinoüs depuis la rencontre jusqu'à la mort du jeune homme en Égypte.

« Disciplina augusta » (« discipline auguste ») couvre la période qui va de la mort d'Antinoüs à la vieillesse de l'empereur, qui poursuit ses voyages et son action législatrice (Édit perpétuel) ; il est confronté à la montée du christianisme et à la révolte juive de Bar Kokhba.

Enfin, dans « Patientia » (« patience, ou endurance »), Hadrien se montre préoccupé de sa mort prochaine : il envisage le suicide, tente de renforcer son endurance à la souffrance et sent son âme s'échapper de son corps.

Genèse

Marguerite Yourcenar a indiqué dans ses Carnets de notes de « Mémoires d'Hadrien » qu'une citation de la correspondance de Gustave Flaubert était à l'origine de son désir de réécrire ce livre :

« Les dieux n'étant plus et le Christ n'étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc Aurèle, un moment unique où l'homme seul a été[5]. »

Cela l'intriguait, car elle entrevoyait un parallèle entre cette époque et le monde d'après-guerre. Elle dit aussi avoir hésité un moment entre les mémoires de l'empereur romain Hadrien et ceux du poète et mathématicien Omar Khayyam. En fait Hadrien, Khayyam ou le héros Zénon de L'Œuvre au noir se présentent comme des personnages lucides, tolérants et désabusés tant sur la condition humaine que sur les illusions dont l'humanité semble ne pouvoir se passer.

Le projet initial de Marguerite Yourcenar, alors qu'elle n'avait qu'une vingtaine d'années, était d'écrire un texte sur l'empereur Hadrien dont le narrateur aurait été son favori Antinoüs. Les différentes versions de cette première ébauche, datant de 1924 à 1929[6], ont été détruites par la future académicienne après les refus de plusieurs éditeurs. Quand elle reprend, un quart de siècle plus tard, son projet de jeunesse, la perspective s'est inversée : c'est Hadrien qui tient le stylet et qui raconte sa vie et sa passion pour le jeune Bithynien, au travers du filtre de la douleur causée par la mort de celui-ci.

Roman historique ?

Sculpture Antinoüs, l'amant d'Hadrien.
Sculpture Antinoüs, l'amant d'Hadrien.

Marguerite Yourcenar explique le long travail d'érudition et de romancière qu'elle a mené pour écrire Mémoires d'Hadrien dans le « carnet de notes » qui accompagne la plupart des éditions et dit qu'elle a cherché à se rapprocher le plus possible du personnage et de l'ambiance historique :

« Si j'ai choisi d'écrire ces Mémoires d'Hadrien à la première personne, c'est pour me passer le plus possible de tout intermédiaire, fût-ce de moi-même. »
Elle est cependant consciente des écueils : « Quoi qu'on fasse, on reconstruit toujours le monument à sa manière. Mais c'est déjà beaucoup de n'employer que des pierres authentiques. »

Jugements d'historiens

  • Selon André Chastagnol« le portrait que trace de lui Marguerite Yourcenar correspond sans aucun doute à ce que les sources nous apprennent[7]. »
  • Pour Paul Petit« Mme Yourcenar a déployé pour le peindre des trésors de psychologie et une bonne connaissance des sources sans prétendre à la vérité historique[8]. »

Postérité

Ce roman est inclus dans la liste des 100 meilleurs livres de tous les temps, établie en 2002 par le Cercle norvégien du livre, à partir des propositions de 100 écrivains issus de 54 pays différents.

En 2016, l'exposition « Marguerite Yourcenar et l'empereur Hadrien, une réécriture de l'Antiquité » présentée au Forum antique de Bavay[9], propose à la fois une approche historique faisant état des études archéologiques autour de la figure de l'empereur et une vision de la démarche documentaire et littéraire de Yourcenar[10].

Autour de l'œuvre

Musique

  • Suite d'Hadrien : œuvre pour piano écrite en 1988 par le compositeur interprète Frédéric Rossille pour la Cantate d'Antinoüs (adaptation théâtrale des Mémoires d'Hadrien par le metteur en scène Eric Podor)
  • Villa Adriana : suite instrumentale de Frédéric Rossille, publiée sous forme de CD[11] en 2000
  • A Theme for Hadrian : la partition pour piano de Frédéric Rossille (version manuscrite de 2013)

Autre

  • L'Eau d'Hadrien (1988), parfum d'Annick Goutal créé en inspiration du roman.
  • (Wiki.fr.)

Hadrian (76e.n.-138e.n.)



The Digital Hadrian's Villa Project: State vs. Reconstruction

https://youtu.be/zGdjf9wzHOI



Publius Aelius Hadrianus, dit Hadrien (Imperator Cæsar Traianus Hadrianus Augustus, en latin), né le 24 janvier 76 à Italica (près de Séville) et mort le 10 juillet 138 à Baïes, est un empereur romain de la dynastie des Antonins. Il succède à Trajan en 117 et règne jusqu'à sa mort en 138. Empereur lettré, poète et philosophe à la réputation pacifique, il rompt avec la politique expansionniste de son prédécesseur, s'attachant à pacifier et à structurer administrativement l'Empire, tout en consolidant des frontières parfois poreuses.
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Une statue en marbre plus grande que nature de l'empereur romain Hadrien qui mesurait 8 pieds de haut il y a près de 2 000 ans est découverte en morceaux sur un site en Turquie

https://www.dailymail.co.uk/sciencetech/article-9994487/Eight-foot-statue-Roman-emperor-Hadrian-discovered-pieces-nearly-2-000-years-fell.html#i-beb139f40403246c

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Villa d'Hadrien 

Villa d'Hadrien

Au premier plan, le complexe dit du Pœcile.
Localisation
Pays
Italie
LieuSituée sur le plateau des pentes des monts Tiburtins
TypeVilla
ProtectionPatrimoine mondial Patrimoine mondial (1999)

Géolocalisation sur la carte : Italie
Villa d'Hadrien
Villa d'Hadrien
Géolocalisation sur la carte : Latium
Villa d'Hadrien
Villa d'Hadrien
Histoire
ÉpoqueHadrien

La villa d'Hadrien, ou villa Hadrienne, en latin villa Hadriana (en italien Villa Adriana), est une villa antique bâtie par l'empereur Hadrien au IIe siècle. Située sur le territoire de la frazione de Villa Adriana à Tivoli (l'ancienne Tibur), à une trentaine de kilomètres de Rome, elle figure parmi les ensembles monumentaux les plus riches de l'Antiquité. Elle est répartie sur une surface de 120 hectares, dont environ 40 sont visibles de nos jours.

Selon l'Histoire Auguste, Hadrien « orna d'édifices admirables sa villa de Tibur : on y voyait les noms des provinces et des lieux les plus célèbres, tels que le Lycée, l'Académie, le Prytanée, Canope, le Poecile, Tempé. Ne voulant rien omettre, il y fit également représenter le séjour des ombres[1] ». On peut déduire de cette citation, que la villa évoque par son architecture les ouvrages et les sites qu'Hadrien a vus lors de ses nombreux voyages dans l’Empire romain.

Histoire

Buste d'Hadrien, musée archéologique de Venise.
Buste d'Hadrien, musée archéologique de Venise.
La mosaïque du centaure dans la villa d'Hadrien. Années 120-130.
La mosaïque du centaure dans la villa d'Hadrien. Années 120-130.

Amateur d'art, Hadrien est passionné par l'architecture et dessine lui-même des bâtiments (manifestant même une prédilection toute particulière pour les édifices à coupole). Aussi fait-il preuve d'un soin particulier pour choisir le site de la nouvelle résidence impériale qu'il a décidé de bâtir à l'écart de Rome : il sélectionne un plateau situé sur les pentes des monts Tiburtins, situé à 17 milles romains depuis la Porta Esquilina (environ 28 kilomètres). La zone comprend de nombreuses carrières (travertinpouzzolane et tuf) pour alimenter les travaux ; elle est approvisionnée en eau par quatre aqueducs, élément crucial pour les thermes romains et les fontaines. Le plateau est déjà occupé par une villa de l'époque républicaine, construite à l'époque de Sylla et agrandie sous Jules César, qui appartenait à la famille de son épouse Sabine et qui sera intégrée dans le Palais impérial[2].

D'après l'étude du système de canalisations et des égouts, il semble possible que le complexe ait été conçu dans sa globalité dès le départ, malgré l’impression de libre improvisation provoquée par la répartition dissymétrique et disséminée des constructions.

L'ensemble est construit en deux ou trois phases très actives de 118 à 121, de 125 à 128 et de 134 à 138, entrecoupées de périodes de travaux moins soutenus, comme en témoignent des briques portant des dates consulaires, retrouvées dans près de la moitié des bâtiments[2]. Après la mort d'Hadrien, ses successeurs continuent sans doute à venir à Tivoli comme en témoignent des aménagements au IIIe siècle, mais par la suite la villa est progressivement abandonnée, et tombe dans l’oubli au Moyen Âge.

À partir de la Renaissance, l'humaniste Flavio Biondo est le premier à mettre un nom sur les ruines. La villa est fréquentée par des artistes comme Piranèse, des architectes comme Sangallo, Pirro Ligorio ou Borromini et des amateurs d’antiquités qui la pillent de ses œuvres artistiques et de ses éléments d’architecture. Du XVIe au XIXe siècle, la villa est explorée et les centaines d'œuvres découvertes partent enrichir les collections privées et les grands musées d'Europe[2].

En 1870, le domaine revient au gouvernement italien qui y fait entreprendre des fouilles et des restaurations : celles-ci révèlent la stupéfiante architecture de ces bâtiments et parfois même des stucs et des mosaïques.

Des fouilles méthodiques ont été effectuées avec des techniques modernes, principalement vers 1950 dans le « Théâtre maritime » et le « Canope », et à la fin des années 1970 à la « piazza d’Oro ». Néanmoins la plus grande partie du site reste à explorer.

La Villa d’Hadrien a été ajoutée en 1999 à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Reconstitution du domaine impérial, maquette de la villa d'Hadrien, réalisée par Italo Gismondi. Au premier plan, l'esplanade dite de l'Académie, qui domine le lit d'un petit cours d'eau.
Reconstitution du domaine impérial, maquette de la villa d'Hadrien, réalisée par Italo Gismondi. Au premier plan, l'esplanade dite de l'Académie, qui domine le lit d'un petit cours d'eau.

Plan de masse

Une vue paysagère de la villa Hadriana.
Une vue paysagère de la villa Hadriana.

Pour une dimension du nord au sud d’environ 1 200 m et d’est en ouest de 600 m, le périmètre actuel de la villa s'étend sur environ 40 hectares et comprend une trentaine d'édifices de différentes natures : trois complexes thermaux, bâtiments administratifs, édifices de loisir (théâtre, promenades, etc.). Le tout s'insère dans un ensemble de jardins et d'espaces verts agrémentés de fontaines et de plans d'eau.

Mis à part certains locaux aux caractéristiques aisément reconnaissables comme les thermes, l’interprétation de nombreux bâtiments est problématique et incertaine : partant de la biographie d’Hadrien rédigée par le pseudo-auteur Spartianus[1], on a proposé d’identifier à tel ou tel ensemble les évocations de monuments de Grèce antique et d’Égypte antique : le Pœcile, l’Académie, le Lycée et le Prytanée d’Athènes, le sanctuaire de Sérapis et le canal reliant la ville de Canope à Alexandrie. Seuls, le Canope et le temple de Sérapis sont identifiés avec certitude, par les sculptures de style égyptien trouvées en cet endroit. D’autres parties de la villa reçurent des appellations arbitraires comme le Théâtre maritime, la piazza d’Oro, la salle des Philosophes, l’Hospitalia, les bibliothèques. Ces dénominations conventionnelles et parfois contestées ont été adoptées dans la plupart des descriptions de la Villa[2].

Plan-masse de la villa d'Hadrien.
Plan-masse de la villa d'Hadrien.

La partie dégagée de la villa s’organise en fonction du terrain, légèrement vallonné et compris entre deux petits cours d’eau. Selon le relief, on peut distinguer ainsi quatre complexes de vestiges avec chacun une orientation propre :

  • la terrasse de l’Académie occupe au sud de la villa la partie la plus élevée du site, qui surplombe un petit cours d’eau ;
  • le vallon de Canope : au nord-est de cette terrasse part un léger vallonnement où s’alignent plus ou moins le Canope, les thermes et diverses constructions étirées en longueur ;
  • le complexe du Pœcile : fermant ce vallon au nord, un complexe de vastes bâtiments orienté selon les quatre points cardinaux, dont le Pœcile, un jardin stade, un vivier ;
  • le complexe nord-est au-dessus d’un autre cours d’eau, groupe l’ancienne villa républicaine, les « bibliothèques », la « Piazza d’Oro » et d’autres constructions comme le « Palais impérial » ;
  • à la charnière entre ce dernier complexe et le Pœcile, une formation ronde dite le Théâtre maritime et divers bâtiments (« salle des Philosophes », vestiges de thermes, « caserne »).

D’autres édifices isolés sont répartis à la périphérie de la Villa : un odéon au sud, au nord un théâtre et un sanctuaire de Vénus dont la tholos abritait une copie de l’Aphrodite de Cnide sculptée par Praxitèle.

Théâtre maritime

Théâtre maritime.
Théâtre maritime.

La construction dite « Théâtre maritime » commence dès 118, à proximité de l’ancienne villa d’époque républicaine. Son architecture complexe est sans équivalent dans le monde romain, et sans rapport avec un théâtre romain habituel. Dans les années 1950, ce théâtre a fait l’objet de fouilles et d’une reconstitution par l’archéologue Pietro Romanelli et l’architecte Italo Gismondi[2].

Le théâtre maritime est un ensemble situé en face du jardin des Bibliothèques. Un pronaos, dont il ne reste presque plus rien, permet de pénétrer à l'intérieur d'un atrium puis, dans le même axe, de rejoindre un portique circulaire à colonnes ioniques, couvert par une voûte en berceau. Au centre, un canal délimite une île sur laquelle se dresse un édifice circulaire de 45 mètres de diamètre, comprenant lui aussi un atrium et un portique. S'y ajoutent un petit jardin, un petit complexe thermal, quelques pièces, dont une chambre, et des latrines. Il s'agit là d'une véritable « demeure dans la demeure », destinée à offrir un espace d'isolement et de recueillement. Il est inspiré de l'architecture grecque.

D'après l'historien de l'art Henri Stierlin, ce bâtiment constituait pour Hadrien une sorte de sanctuaire astrologique.

Vue panoramique du Théâtre maritime.
Vue panoramique du Théâtre maritime.

Vallon du Canope

Canope

Le Canope, orienté au nord.
Le Canope, orienté au nord.

Le Canope est un plan d'eau de 119 mètres de long pour 18 mètres de large, situé dans une petite vallée partiellement artificielle, orientée nord-ouest / sud-est. Il doit son nom à une ville égyptienne réputée pour ses cultes d'Isis et Sérapis et également dédié à Antinoüsfavori de l'empereur Hadrien et mort noyé. Ce bassin symbolise un antique canal qui reliait les deux villes égyptiennes d'Alexandrie et de Canope. Il est bordé par une double colonnade à l'est et une colonnade simple à l'ouest, complétées de quatre cariatides, copies de celles de l'Erechthéion d'Athènes et encadrées par deux statues de Silènes.

Le bassin s'achève au sud est par un édifice, le Sérapéum (édifice dédié à Sérapis), qui s’enfonce dans le vallon. Ce bâtiment se raccorde élégamment au Canope par un petit bassin rectangulaire (environ 15 m sur 10 m). Les statues d’Antinoüs et de divinités égyptiennes trouvées dans ce bâtiment valident l’hypothèse d’un lieu dédié à la fois à Sérapis et au favori d’Hadrien. La salle principale est couverte d’une demi-coupole et comporte un immense lit incliné, triclinium destiné à accueillir, probablement en été, les convives de banquets.

À l’opposé, l’extrémité nord-est du canal est arrondie, la colonnade en partie reconstituée est surmontée d’architraves alternativement horizontales et en arc. Les espaces entre les colonnes s’ornent de moulages en ciment de statues d'Arès (Mars), d'Hermès (Mercure) et d'Athéna (Minerve). Sur deux socles émergeant dans l’axe du bassin se dressaient des copies de statues d'Amazones du temple d’Éphèse[2].

  • Vue sur le Canope depuis le Prætorium.
    Vue sur le Canope depuis le Prætorium.

Interprétation : On s'est longtemps posé des questions sur la signification de cet endroit mystérieux qui constitue un hommage personnel d'Hadrien au défunt Antinoüs. Ce bassin qui allie les cultures latines et égyptiennes représenterait la mer Méditerranée qui de Rome aboutit à l'Égypte, et le petit bassin qui vient se greffer au grand bassin serait à l'image du delta du Nil.

Selon une autre interprétation, ce lieu participerait du culte impérial, Hadrien s’y mettant en scène en Sérapis lors des banquets d’apparat[2].

Thermes

Les grands thermes. Le frigidarium a partiellement conservé sa voûte.
Les grands thermes. Le frigidarium a partiellement conservé sa voûte.

En descendant le vallon au-delà du Canope, on trouve les grands thermes et les petits thermes, à peu près alignés parallèlement à l’axe du Canope et séparés par un bâtiment qui semble former un vestibule d’entrée dans la villa.

D’autres bâtiments annexes sont constitués d’une série de pièces, et sont présumés être un prétoire pour le logement des officiers de la garde impériale, ou des logements du personnel.

Le vallonnement se ferme sur le Pœcile et d’autres bâtiments, tous orientés selon les points cardinaux.

Complexe du Pœcile

Le bassin du complexe du Pœcile.
Le bassin du complexe du Pœcile.

À l’ouest du Théâtre maritime, l’immense portique qui entoure un grand bassin a été identifié comme une représentation de la Stoa Poikilè (ou Pœcile), portique d’Athènes décoré de peintures.

Le Pœcile est le plus grand des édifices de la Villa d’Hadrien : 235 m de long, 110 m de large, avec un bassin de 110 m sur 25 m. Il ferme le vallon du Canope, et a nécessité d’importants travaux de terrassement du côté nord pour compenser la pente naturelle du terrain. Son plan est un rectangle orienté est-ouest avec des extrémités légèrement arrondies. Le bassin central qui s’étend sur son grand axe reprend ce plan de rectangle arrondi. Le péristyle qui entoure le Pœcile est curieusement doublé sur le côté nord, avec un haut mur de séparation intérieur. Ce mur rappelle la configuration de la Stoa Poikilè conçue pour protéger des vents du nord. Certains auteurs font aussi observer que cela permet de se promener tantôt au soleil (côté sud) ou à l’ombre (côté nord)[2].

Les avis divergent sur l'interprétation de ce complexe. Ce que la plupart des auteurs voient comme un vaste jardin d’agrément, bordé d’un péristyle propice aux promenades, serait un hippodrome pour l’italien Vighi et pour Stierlin. Leurs arguments se fondent sur les dimensions de l’édifice autorisant des courses ; la fréquence de l’association entre un palais impérial et un hippodrome et la sacralisation de cette association symbolisant la course solaire (l’hippodrome est orienté est-ouest). La spina qui marque l'axe de l’hippodrome serait, dans cette hypothèse, le bassin central. On retrouve cette configuration dans l’hippodrome de Lugdunum[3].

Jouxtant le Pœcile au sud et à l’est, un groupe de bâtiments s’organise plus ou moins en forme de croix : un jardin ou un stade allongé du nord au sud, une salle à trois exèdres à l’ouest, un péristyle entourant un vivier à l’est.

Terrasse de l’Académie

Le secteur de l’Académie occupe la partie la plus haute de la Villa, sur une vaste esplanade de plus de 200 m de long, qui domine au sud-ouest une pente assez raide où coule un petit cours d’eau. L’autre côté de l’esplanade se creuse du vallon du Canope. À l’extrémité ouest de l’esplanade se dresse la tour médiévale de Roccabruna. À l’opposé, un complexe de bâtiments comprend l’Académie à l’architecture curviligne, puis un péristyle qui précède un temple à coupole. On propose d’y voir un temple dédié à Jupiter, en raison de sa position la plus élevée, traditionnelle pour les temples de Jupiter. D’autres auteurs l’attribuent à Apollon.

Cette partie de la Villa offre la vue la plus ample et la plus belle sur le reste du paysage, ce qui a amené quelques auteurs à y situer le Palais résidentiel d’Hadrien et à la nommer « Petit Palais ». En l’absence de fouilles scientifiques dans ce secteur, cette déduction basée un peu légèrement sur l’esthétique n’est pas validée.

Complexe nord-est

Cette partie est organisée autour de l'ancienne villa républicaine, avec une orientation nord-est / sud-ouest suivant à peu près la rivière qui coule dans un vallon identifié parfois avec le vallon de Tempé.

Hospitalia

L'hospitalia.
L'hospitalia.
Les mosaïques de l'hospitalia.
Les mosaïques de l'hospitalia.

L'hospitalia, située non loin des bibliothèques, se composait de dix chambres réparties de part et d'autre d'un couloir central. Il ne s'agirait pas, comme l'on a longtemps cru, d'un hôtel destiné à recevoir les invités de l'empereur, mais d'un logement pour des soldats d'élite de la garde prétorienne qui y dormaient à trois par chambre. Ceux-ci disposaient aussi d'un autel dédié au culte impérial et de latrines. Les mosaïques en « opus tessellatum » — technique de mosaïque grossière de plusieurs centimètres — qui jonchent le sol de ce bâtiment s'opposent à celles du palais, de meilleure qualité, ce qui autorise l'interprétation de l'hospitalia comme bâtiment de service.

Salle des philosophes

La salle des philosophes vue de l'extérieur.
La salle des philosophes vue de l'extérieur.
La salle des philosophes vue de l'intérieur.
La salle des philosophes vue de l'intérieur.

La Salle des Philosophes était une grande salle contiguë au palais et faisant partie de Pœcile. On lui a donné ce nom en supposant que s'y réunissaient les philosophes et écrivains protégés par le mécénat d'Hadrien. Ils exposaient dans cette salle leurs idées philosophiques et y déclamaient leurs œuvres littéraires à la cour.

On s'est longtemps demandé à quoi pouvaient servir les niches présentes dans l'abside. On a d'abord supposé qu'elles servaient de bibliothèques (d'où l'hypothèse ci-dessus de la présence des philosophes) ; il est plus probable que ces niches abritaient des statues des grandes figures de Rome.

Palais impérial

Le palais impérial.
Le palais impérial.

Le palais ayant été en partie construit pendant l'époque républicaine, Hadrien n'a fait que remanier ce bâtiment qui est construit sur un plan très simple, contrairement à la Place d'Or voisine. Le côté occidental du palais étant complètement dépourvu de constructions, cet espace était probablement occupé par un jardin.

Vie quotidienne

Au vu des grands espaces résidentiels, la villa devait possiblement accueillir environ 3 000 personnes, c’est-à-dire une cour, des domestiques et des vigiles prétoriens, soit une population nombreuse. Les privilégiés de cette population logeaient dans le palais même en compagnie de l'empereur, les courtisans de second rang, les soldats de garde et les serviteurs devaient se contenter de logements modestes comme l'Hospitalia. La même ségrégation existait quand il s'agissait de baigner: les petits thermes pour la première classe, les grands pour les autres. Mais même à l'intérieur de chacun des thermes, un deuxième tri se faisait, car à l'époque, les femmes pouvaient entrer le matin, les hommes l'après-midi. Les archéologues, pour déterminer le profil des occupants de chaque construction, ont toujours fait attention au type de mosaïques, les plus fines (opus vermiculatum) pour l'élite, les plus grossières (opus tessellatum) pour le commun.

L'activité de la villa, les chantiers permanents, le ravitaillement des résidents provoquaient vraisemblablement une circulation incessante et tumultueuse. D'où une brillante idée que l'on attribue à son architecte propriétaire : établir un réseau souterrain s'appuyant tout d'abord sur les caves créées par l'extraction du tuf et de la pouzzolane nécessaires à la construction des bâtiments ; ces passages souterrains furent agrandis considérablement, de manière à former un réseau desservant la villa entière du théâtre au lycée. Les galeries étaient creusées à sept mètres sous terre, hautes de cinq mètres en moyenne, et longues de 100 à 300 mètres ; elles étaient éclairées par des torches disposées tous les 10 mètres. Ces galeries comportaient des points où 260 chevaux pouvaient se reposer : ces « parkings » souterrains pouvaient accueillir 200 chariots qui arrivaient chargés de nourriture et en ressortaient à vide.

On peut imaginer ainsi la vie d’Hadrien dans sa villa : il fréquentait le Théâtre maritime, petit sanctuaire où il se livrait à l'otium (temps de loisirs où il s'adonnait à la divination, à la lecture...) et, pour célébrer en quelque sorte la mystique de la fonction impériale, point central du monde d'où rayonne la toute-puissance, se rendait en son centre tous les jours à midi pour recevoir — par une ouverture pratiquée intentionnellement dans le toit — un peu de lumière solaire tombant sur lui. Il discutait avec les philosophes, dans une salle contiguë réservée à la culture, allait voir des représentations théâtrales, et dînait dans l'alcôve du Sérapéum en compagnie de quelques proches. Dans les dernières années de sa vie, pendant lesquelles il vécut dans la villa, il ne disposait pour les activités sportives que d'une palestre assez éloignée du palais, mais il avait déjà pensé à ce point et veillait au chantier d'un grand stade situé entre les thermes et le Pœcile.

  • Intérieur des Petits Thermes.. 
    Intérieur des Petits Thermes.