Marguerite Yourcenar (1903-1987)
Marguerite Yourcenar[2], pseudonyme de Marguerite Cleenewerck de Crayencour, née le à Bruxelles et morte le à Bar Harbor dans l'État du Maine (États-Unis), est une femme de lettres française (naturalisée américaine en 1947). Romancière, nouvelliste et autobiographe, elle est aussi poétesse, traductrice, essayiste et critique littéraire.
Elle est la première femme élue membre de l'Académie française en 1980
Mémoires d'Hadrien / o carte memorabila
Despre carte: Mémoires d'Hadrien / Carnets de notes de "Mémoires d'Hadrien"
Cette oeuvre est à la fois roman, histoire et poésie. En imaginant les Mémoires d'un grand empereur romain, l'auteur a voulu "refaire du dedans ce que les archéologues du XIXᵉ siècle ont fait du dehors". Jugeant sans complaisance sa vie d'homme et son oeuvre politique, Hadrien n'ignore pas que Rome finira un jour par périr, mais son réalisme romain et son humanisme hérité des Grecs lui font sentir l'importance de penser et de servir jusqu'au bout. "... Je me sentais responsable de la beauté du monde", dit ce héros dont les problèmes sont ceux de l'homme de tous les temps : les dangers mortels qui du dedans et du dehors menacent lescivilisations, la quête d'un accord harmonieux entre le bonheur et la "discipline auguste", entre l'intelligence et la volonté.
Mémoires d'Hadrien | |
Couverture de la première édition. | |
Auteur | Marguerite Yourcenar |
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Pays | France |
Genre | Roman historique, pseudo-mémoires |
Éditeur | Plon |
Date de parution | 1951 |
Nombre de pages | 323 |
Mémoires d'Hadrien est un roman historique de l'écrivaine française Marguerite Yourcenar, publié en 1951. Ces pseudo-mémoires de l'empereur romain Hadrien ont immédiatement rencontré un extraordinaire succès international et assuré à son auteur une grande célébrité. Il s’agit d’une œuvre dont le projet remonte à l’adolescence de l’autrice. Yourcenar considérant le projet comme trop ambitieux pour être une œuvre de jeunesse, le décrivait de la trempe de ceux « qu’on ne doit pas oser avant d’avoir dépassé quarante ans[1] ».
Le livre est présenté comme une longue lettre d’un vieil empereur adressée à son petit-fils adoptif et éventuel successeur âgé de 17 ans, Marc Aurèle. L’empereur Hadrien médite et se remémore ses triomphes militaires, son amour de la poésie et de la musique, sa philosophie ainsi que sa passion pour son jeune amant bithynien, Antinoüs.
Résumé
Écrit dans un style dense témoignant d'une bonne connaissance des sources, ce roman philosophico-historique est une méditation de l'empereur à la fin de sa vie. Sous forme d'une longue lettre adressée depuis sa villa à Tibur au futur Marc Aurèle, il retrace les principaux événements de son existence, qui fut la plus libre et la plus lucide possible. Les chapitres, non numérotés, sont regroupés en six parties portant chacune un titre latin.
« Animula vagula blandula[2] » (« Âmelette vaguelette, calinette ») (ou encore « Ma petite âme, errante et câline ») permet au lecteur de faire connaissance avec le personnage et de se familiariser avec ses convictions (sobriété, rejet du végétarisme non adapté à la vie d'un homme public, essence mystérieuse de l'amour), ses bonheurs passés (chasse et équitation) et ses douleurs présentes (insomnie, approche de la mort).
Les cinq parties suivantes reprennent chronologiquement la biographie d'Hadrien.
« Varius multiplex multiformis[3] » (« Varié, complexe, changeant ») s'étend jusqu'à la mort de Trajan et donc à l'accession au trône d'Hadrien : sa jeunesse en Espagne, son expérience de juge chargé des litiges d'héritages à Rome, sa participation aux guerres daciques, son gouvernorat en Syrie et la guerre contre les Parthes. Avant de mourir, Trajan signe un acte d'adoption d'Hadrien dans des conditions qui font douter de son authenticité. Hadrien devient empereur.
« Tellus stabilita[4] » (« La terre retrouve son équilibre ») décrit le début du règne. Hadrien fait preuve de modération dans divers domaines : il pacifie l'empire (Parthes, Égypte, Sarmates), améliore la condition des esclaves, développe les infrastructures aux frontières. Il fonde des villes, voyage beaucoup, jusqu'en Bretagne, se fait initier à Éleusis.
« Sæculum aureum » (« siècle d'or ») parcourt l'histoire d'amour avec Antinoüs depuis la rencontre jusqu'à la mort du jeune homme en Égypte.
« Disciplina augusta » (« discipline auguste ») couvre la période qui va de la mort d'Antinoüs à la vieillesse de l'empereur, qui poursuit ses voyages et son action législatrice (Édit perpétuel) ; il est confronté à la montée du christianisme et à la révolte juive de Bar Kokhba.
Enfin, dans « Patientia » (« patience, ou endurance »), Hadrien se montre préoccupé de sa mort prochaine : il envisage le suicide, tente de renforcer son endurance à la souffrance et sent son âme s'échapper de son corps.
Genèse
Marguerite Yourcenar a indiqué dans ses Carnets de notes de « Mémoires d'Hadrien » qu'une citation de la correspondance de Gustave Flaubert était à l'origine de son désir de réécrire ce livre :
« Les dieux n'étant plus et le Christ n'étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc Aurèle, un moment unique où l'homme seul a été[5]. »
Cela l'intriguait, car elle entrevoyait un parallèle entre cette époque et le monde d'après-guerre. Elle dit aussi avoir hésité un moment entre les mémoires de l'empereur romain Hadrien et ceux du poète et mathématicien Omar Khayyam. En fait Hadrien, Khayyam ou le héros Zénon de L'Œuvre au noir se présentent comme des personnages lucides, tolérants et désabusés tant sur la condition humaine que sur les illusions dont l'humanité semble ne pouvoir se passer.
Le projet initial de Marguerite Yourcenar, alors qu'elle n'avait qu'une vingtaine d'années, était d'écrire un texte sur l'empereur Hadrien dont le narrateur aurait été son favori Antinoüs. Les différentes versions de cette première ébauche, datant de 1924 à 1929[6], ont été détruites par la future académicienne après les refus de plusieurs éditeurs. Quand elle reprend, un quart de siècle plus tard, son projet de jeunesse, la perspective s'est inversée : c'est Hadrien qui tient le stylet et qui raconte sa vie et sa passion pour le jeune Bithynien, au travers du filtre de la douleur causée par la mort de celui-ci.
Roman historique ?
Marguerite Yourcenar explique le long travail d'érudition et de romancière qu'elle a mené pour écrire Mémoires d'Hadrien dans le « carnet de notes » qui accompagne la plupart des éditions et dit qu'elle a cherché à se rapprocher le plus possible du personnage et de l'ambiance historique :
« Si j'ai choisi d'écrire ces Mémoires d'Hadrien à la première personne, c'est pour me passer le plus possible de tout intermédiaire, fût-ce de moi-même. »Elle est cependant consciente des écueils : « Quoi qu'on fasse, on reconstruit toujours le monument à sa manière. Mais c'est déjà beaucoup de n'employer que des pierres authentiques. »
Jugements d'historiens
- Selon André Chastagnol, « le portrait que trace de lui Marguerite Yourcenar correspond sans aucun doute à ce que les sources nous apprennent[7]. »
- Pour Paul Petit, « Mme Yourcenar a déployé pour le peindre des trésors de psychologie et une bonne connaissance des sources sans prétendre à la vérité historique[8]. »
Postérité
Ce roman est inclus dans la liste des 100 meilleurs livres de tous les temps, établie en 2002 par le Cercle norvégien du livre, à partir des propositions de 100 écrivains issus de 54 pays différents.
En 2016, l'exposition « Marguerite Yourcenar et l'empereur Hadrien, une réécriture de l'Antiquité » présentée au Forum antique de Bavay[9], propose à la fois une approche historique faisant état des études archéologiques autour de la figure de l'empereur et une vision de la démarche documentaire et littéraire de Yourcenar[10].
Autour de l'œuvre
Musique
- Suite d'Hadrien : œuvre pour piano écrite en 1988 par le compositeur interprète Frédéric Rossille pour la Cantate d'Antinoüs (adaptation théâtrale des Mémoires d'Hadrien par le metteur en scène Eric Podor)
- Villa Adriana : suite instrumentale de Frédéric Rossille, publiée sous forme de CD[11] en 2000
- A Theme for Hadrian : la partition pour piano de Frédéric Rossille (version manuscrite de 2013)
Autre
- L'Eau d'Hadrien (1988), parfum d'Annick Goutal créé en inspiration du roman.
- (Wiki.fr.)
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